8 mars 2015: Femme, chef d’entreprise et mère de famille: pourquoi j’ai le droit (et le devoir) d’être féministe en 2015

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8 mars 2015

8 mars 2015: Femme, chef d’entreprise et mère de famille: pourquoi j’ai le droit (et le devoir) d’être féministe en 2015

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Journée des droits de la femme oblige (et non journée de la femme !), les phrases toutes faites sur le féminisme sont légion : « c’est plus la peine d’être féministe », « à quoi ça sert en 2015 vous avez l’égalité non ? », « c’est la journée de la femme on va être gentil avec vous », … Cette avalanche de réflexions, qui ne partent pas forcément d’un mauvais sentiment, m’a donné envie de m’exprimer sur mon engagement et de l’expliquer, dans le cadre de mon blog. Parce que je suis à la fois entrepreneuse et mère de famille mais aussi une femme confrontée comme les autres au regard de la société, que ce soit dans la sphère professionnelle ou privée.

Voici 5 bonnes raisons d’avoir le droit (et le devoir) d’être encore féministe en 2015.

1ère bonne raison : parce que je suis « une privilégiée » et que malgré cela, j’ai été confrontée aux idées reçues

En tant que femme, je suis plutôt privilégiée : élevée par un père féministe avant l’heure (« fais des études ma fille pour ne pas dépendre de ton mari plus tard »), j’ai épousé un homme qui n’a jamais pris ombrage de ma réussite professionnelle et s’est arrêté de travailler pour élever nos enfants avant de repartir lui-même vers une belle carrière. Lorsque j’étais salariée, les dirigeants de l’entreprise ont toujours veillé à recruter des femmes et à leur offrir des postes de direction et depuis que je suis mon propre patron, je n’ai jamais vraiment ressenti de sexisme chez les clients ou mes fournisseurs (juste quelques blagues graveleuses …).

Pourtant, j’ai été confronté à des situations que l’on pourrait juger d’un autre âge lorsque l’on a comme moi la culture de l’égalité. Que ce soit le PDG de l’entreprise pour laquelle je travaillais que l’on annonçait avec «  son harem » (désolée si, sur 5 directeurs, 4 étaient des femmes) , la conseillère de l’ex ANPE, qui me voyant arriver enceinte, m’a gentiment conseillé de rester chez moi et d’accoucher de mon petit 3ème avant de monter ma boite (je suis pas malade, je suis enceinte…) ou l’un de mes clients qui pensait être le roi de la parité car il comptait 50% de femmes dans ses effectifs mais seulement une femme à un poste de direction, ces situations, lorsqu’elles sont vécues par les femmes sont souvent perçues comme un retour en arrière.

2ème bonne raison : parce que j’ai conscience que mes sœurs n’ont pas toutes cette chance

Je ne vis pas au pays des Bisounours. Ce n’est pas parce que la plupart de mes amies ont la même chance que moi d’évoluer dans un milieu peu sexiste, que je dois oublier les autres femmes, toutes celles dont je connais personnellement l’histoire et qui ont été battues par leur compagnon, humiliées par leur père ou réduites au silence pour permettre à Môssieur de briller en société. Ce n’est pas parce que je ne souffre pas de machisme au quotidien que je ne dois pas les défendre. Au contraire. On les a bâillonnées, c’est à nous de faire du bruit pour elles, en éduquant nos enfants (surtout nos fils) et en racontant leurs histoires.

3ème bonne raison : parce que l’égalité en France est inscrite dans les textes mais pas toujours dans le quotidien

Bien sûr, allez vous me dire : « de quoi vous plaignez-vous l’égalité vous l’avez ! ». Dans les textes oui ! Que répondez-vous aux 2 millions de femmes battues en France, à celles qui pour un même poste sont payées 20% de moins que leurs collègues masculins et à celles à qui l’on conseille de ne pas faire d’enfants si elles veulent réussir leur carrière ?

Nos mères et nos grands-mères se sont battues pour avoir l’égalité et nous avons, non seulement un devoir de mémoire vis à vis d’elles, mais aussi l’obligation de continuer le combat, juste par respect pour celui qu’elles ont mené. Les « 343 salopes », les suffragettes, la grande Olympe de Gouge, entre autres, ne se sont pas battues pour pour rien. Nous n’avons le droit de voter que depuis 1945 et le code Napoléon, qui considérait la femme comme une mineure à vie placée sous tutelle de son père puis de son mari, n’a été abrogé qu’en 1975. Un peu fragile pour faire la maline et penser que tout est gagné…

4ème bonne raison : parce que des femmes luttent encore, partout dans le monde, pour conduire un voiture, ne pas être excisées ou ne pas être mariées de force

Même si la France prône la liberté, l’égalité, la fraternité, ce n’est pas vraiment le cas de nombreux pays où, pour aller à l’école ou travailler, les femmes doivent se battre quand on ne les contraint pas à s’affubler de tenues toutes aussi étonnantes que peu pratiques pour avoir le droit d’être médecin ou journaliste. Le concept de la femme indépendante financièrement ou tout simplement de la femme exerçant une activité professionnelle reste encore un concept limité géographiquement parlant… Sans compter les pays qui furent des hauts lieux de la modernité féministe et qui on fait machine arrière en rabotant salement leur code de la famille (et au passage les droits des femmes !)

5ème bonne raison (last but not least) : parce qu’il y a encore du boulot pour faire profondément changer les mentalités et que cela commence au quotidien, à la maison et dans l’entreprise !

Pas de combat pour la place de la femme dans la société sans des hommes qui s’engagent au côté de leurs compagnes. Il y a encore un long chemin à faire pour changer les mentalités et ce dès la naissance. Rien ne prédestine, scientifiquement, une femme à faire le ménage plus qu’un homme (à part les hommes et encore trop souvent, sa propre mère !). Nous sommes forcément différentes des hommes mais notre cerveau fonctionne aussi bien que le leur même s’il est, techniquement, plus petit (sachez tout de même que Einstein avait un cerveau de la taille de celui d’une femme…)

Comme les choses n’avancent généralement pas toutes seules, il faut bien trouver le moyen de les faire progresser. Et pour parcourir ce long chemin, il faut agir faut pas avoir peur de se faire traiter de féministe J

Quelques références qui sont les miennes : un excellent livre de Virginie Despentes qui s’appelle « King Kong Théorie », un recueil d’anecdotes regroupés dans « Vie de meuf » issu d’un blog éponyme, le merveilleux discours d’Emma Watson devant les représentants des Nations Unis et bien sûr la déclaration des droits de le femme et de la citoyenne de Olympe de Gouge.

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